Ma terrible aventure à 22 ans, c'est exactement le film Duel, de Spielberg, une DS à la place du camion tueur. Le soir tombe, je quitte le chalet de montagne, j'engage ma vaillante 2cv6 dans les gorges que je connais par coeur depuis l'enfance: en Traction, en DS, en CX, mon père m'a transmis le virus Citroën et le goût des routes de montagne. Devant moi, une DS blanche roule au pas: je la double. On se doute de la suite... elle me colle aussitôt aux fesses et, pacifiste, je la laisse me doubler. Et de nouveau elle bloque la route étroite, devant moi, au pas. Calme calme! Nous roulons ainsi mais je sais que bientôt une belle ligne droite me sera favorable pour doubler de nouveau.... Voilà la ligne droite, je fonce, je double, à ma gauche 100m de vide, à ma droite une DS folle qui accélère et me serre vers le précipice! Je pile. Elle file devant et disparaît au loin. Tremblant je me dis qu'il vaut mieux faire demi tour, tout seul dans ces gorges en compagnie de tueurs. J'ai peur. Je sais que plus loin une série de lacets permet de surveiller d'en haut la route, tout en bas: Horreur ! la DS blanche m'attend, là bas, immobile en travers du chemin ! Il me faut de l'aide et justement voilà quatre phares qui descendent derrière moi: au secours ! messieurs dame aidez moi ! permettez que je m'intercale entre vos deux voitures pour passer le barrage des tueurs là bas ! Étonnés ils acceptent et nous passons car la DS s'est rangée, prête à bondir à ma poursuite. La voilà qui double la dame derrière moi et de nouveau contre mon pare-choc. Je panique, je double le monsieur qui me précède, et je fonce, je fonce comme un fou frôlant la roche, frôlant le parapet, je réussis à mettre de la distance: 22 ans de vie en montagne me sauvent. Mais tout à coup devant moi, trop vite, le grand virage du "saut de la Belle Mère" qui surplombe le précipice, et je dérape, aaah ! nooon! mais ouf ! ma deuch raccroche et je continue ma fuite éperdue. Dans mon rétroviseur, la DS blanche est à quelques virages derrière. J'accélère encore. Enfin la fin des gorges, et le village de Touët où je me cache en vitesse derrière le bistrot. La DS passe en trombe sans me voir. Je rentre en pleurs dans le bar et téléphone à mon père: c'est derrière sa DS aimée, couleur chocolat que je regagne Nice.
Si j'étais tombé tout seul dans le Cians, broyé dans mon amas de tôles ? j'en tremble encore aujourd'hui.