
Alors que Citroà«n vient de ressusciter l'appellation DS, c'est l'anniversaire d'un autre mythe né en 1970 quai de Javel qui fait aujourd'hui l'actualité. Un V6 Maserati, une hydraulique de DS, une ligne visonnaire signée Robert Opron : la légende SM est en marche. Célébré un peu en avance à Rétromobile, cet anniversaire ramène vers la lumière celle qui fut peut-être la française de grande série la plus ambitieuse depuis l'avant-guerre.
Sa Majesté
La SM restera comme l'enfant unique du mariage Citroà«n-Maserati (opéré en 1968). A ce titre, elle sera particulièrement gà¢tée, héritant d'un V6 italien 2.7 170 ch dernier cri et des ultimes perfectionnements du chà¢ssis de la DS, née déjà 15 ans auparavant mais toujours en avance sur son temps grà¢ce à la technologie hydropneumatique qui régit son amortissement, son système de freinage et son assistance de direction.

L'emballage de cette remarquable somme d'ingénierie est à la hauteur de la fiche technique grà¢ce au coup de crayon de Robert Opron. La fluidité de la silhouette qu'il dessine est encore accentuée par la longueur de la SM (4,89 m) et sa faible hauteur (1,32 m). Le carénage de phares qui donnait à la DS phase 2 son aérodynamique sans pareille englobe ici la calandre, où s'affiche la plaque d'immatriculation. Ses proportions de soucoupe volante n'empêchent pas le grand coupé aux Chevrons d'accueillir quatre passagers dans le plus grand confort, et une luminosité préservée par des surfaces vitrées généreuses.
Tragi-comédie à la française
Cet attelage franco-italien d'une tonne cinq tutoie les 220 km/h sans se départir de son flegme, et s'affirme comme l'une de meilleures freineuses de son temps. Son confort et sa tenue de route, hérités de la Ds mais ici encore mieux mis en valeur par une cavalerie respectable, ne lui attirent que des louanges. Alors qu'elle aurait pu décomplexer l'industrie automobile française, la SM, incroyablement dispendieuse malgré ses qualités, sombre sous l'effet du choc pétrolier et des premières limitations de vitesse.
Ces derniers lui portent le coup fatal, mais c'est d'abord la fiabilité typiquement italienne de sa mécanique -associée à celle, typiquement Citroà«n, de son hydraulique...- qui l'aura coulée. Le réseau de la marque, rompu à la vente de 2CV et de DS mais novice dans la distribution et l'entretien de modèles aussi haut de gamme, n'a pas davantage contribué à son succès. La production de ce fleuron prend donc tristement fin en 1975 après la faillite de Citroà«n et la cession de Maserati à De Tomaso.

La SM a malgré tout réussi une jolie carrière posthume. De la Chapron présidentielle au dragster du lac de Bonneville, en passant par le prototype V8 exhumé à Rétromobile, ses divers avatars laissent imaginer tout ce que Citroà«n aurait pu accomplir si l'auto avait connu la réussite de son vivant, et ce à quoi un haut de gamme français aurait pu prétendre dans son sillage.
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